27/03/2018
Notre avenir, notre débat

Elle doit évoluer, tout comme le monde qui nous entoure et en cohérence avec celui-ci.
De l’intérieur, le moteur a eu des difficultés à se mettre en marche. Le ministre de la justice nous a devancés en mettant la question à l’ordre du jour, nous soumettant pour avis le rapport des deux experts nommés pour réfléchir à l’avenir de la profession. Au niveau de nos instances ordinales, le débat s’installe, mais une véritable consultation structurée des acteurs de la profession n’est pas, à ce stade, annoncée. Actuellement, il n’y a pas de capsules d’information en cours de préparation, pas de résumés préparés à l’attention des plus pressés, pas de plateforme de débat mise en place. Mais, au lieu de dépenser notre énergie à nous en apitoyer, imposons-nous dans le débat ! Faisons en sorte que nous soyons entendus ! Car le débat nous concerne, chacun individuellement, mais surtout tous ensemble.
Optimalisation, efficacité, excellence ne sont certainement pas des objectifs insensés. Viser une compétitivité accrue au milieu des nombreux prestataires de conseils juridiques (tant les métiers du droit que des professions annexes) qui ont, pour la plupart, pris une longueur d’avance, semble une évidence.
La refonte de nos procédures disciplinaires afin de les rendre plus efficaces, plus rapides, rencontrera probablement l’assentiment de nombreux d’entre nous. Il en va de même en ce qui concerne une clarification des règles en matière d’incompatibilités et de cumul d’activités.
La consécration expresse du secret professionnel dans les textes législatifs pourrait également constituer une véritable avancée.
La question du mode de fixation et de la prévisibilité de nos honoraires demeure un terrain difficile, mais il est plus que jamais nécessaire de la poser.
Les propositions des experts en matière de formation, de financement des défis de la digitalisation (tax shelter) et relatives à la manière d’exercer la profession (l’avocat salarié ?) ont également le mérite de montrer des pistes intéressantes et parfois innovantes.
Tout n’est donc pas mauvais dans cette approche !
Mais il nous incombe de poser les balises. Il nous appartient de penser cette (r)évolution en préservant les valeurs de notre profession, en la mettant en adéquation avec notre vécu, notre expérience, nos attentes. Saisissons donc cette opportunité de définir les contours du métier que nous exercerons encore durant quarante, trente, vingt années ou un peu moins.
Evitons que le débat demeure cantonné à des questions périphériques comme celle de la gouvernance. Non pas parce qu’il s’agirait d’une réflexion qui ne mérite pas d’être menée, mais parce qu’il s’agit d’un sujet susceptible de créer des discordances, comme le démontrent déjà les premières prises de position (écrites et orales) des différentes autorités ordinales, en tout cas celles des deux ordres bruxellois. N’encombrons pas le débat avec ces questions qui, à ce stade, peuvent paraître accessoires, et qui risquent d’occuper le devant de la scène. Cherchons ensemble les points qui nous unissent, et avançons au lieu de tenter de protéger chacun ses prérogatives.
Activons-nous, approprions-nous le débat ! Ecrivons ensemble de quoi sera fait notre métier demain. Gardons la naïveté de croire que notre parole a un poids, tant au sein de la profession qu’à l’égard du gouvernement. En agissant, nous pouvons nourrir et enrichir le débat. A ne rien faire, nous ne pourrons qu’avoir des regrets.
Participer activement nous demandera un peu de notre temps. Des séances d’information se programment, la lecture du rapport est en cours pour nombre d’entre nous. Lisons, mutualisons nos efforts, résumons les sujets qui nous touchent directement pour ceux qui souhaitent suivre les débats. Discutons, confrontons nos avis, structurons nos réflexions individuelles par la mise en place de plateformes, d’un forum de discussion.
Et veillons ensemble à ce que le débat s’élève et nous apporte, espérons-le, une véritable plus-value pour notre profession !